Amandus Roessler
Amandus Roessler, jeune havrais de 14 ans, a sillonné Le Havre et ses environs avec son frère Gustave et un ami, Legambier, dans les années 1859-1863. Chaque promenade (illustrée de dessins) était consignée dans un des dix-huit carnets qu’il nous a laissés : les carnets de Roessler ont été retrouvés en 1980 par hasard à Londres, et ont été rachetés par la Bibliothèque municipale du Havre qui les a numérisés et où ils peuvent être consultés.
Deux promenades concernent Sainte-Adresse.
1- Le vendredi 19 août 1859 (trois semaines avant l’inauguration de la chapelle !)
« Nous allâmes ensuite à Notre-Dame des Flots en passant par le même sentier que la veille. Gustave avait sur lui un morceau de bougie… notre dessein était d’explorer les souterrains de la chapelle. Nous entrâmes dans la chapelle, et afin de n’être pas vus, nous allumâmes notre bougie au haut de l’escalier mystérieux… ... A mesure que nous nous enfoncions sous terre, nous respirions une odeur nauséabonde. La bougie ne répandait qu’une lueur rougeâtre qui nous laissait à peine voir à 2 pas devant nous. Le couloir tourna subitement à gauche et nous entrâmes dans une cave très haute et plus longue que large. Le souterrain était éclairé par un carreau de verre très épais, placé au milieu des dalles qui servaient à paver l’église…
Nous allâmes nous asseoir sur l’herbe et nous prîmes des notes pour ne rien oublier…
Devant la chapelle il restait encore un échafaudage où des ouvriers étaient grimpés. Une poutre en dégringola et vint tomber au-dessus de la tête d’un ouvrier qui n’eut que le temps de se sauver et qui, le danger paré, s’écria : “ Elle m’a rasé le dos ! ” Ensuite nous allâmes voir le presbytère qui est situé tout près de la chapelle et nous y vîmes un homme en train de sculpter la statue de Notre-Dame des Flots qui, sur son bras gauche, portait l’enfant Jésus, lequel tenait une barque entre ses mains. »
La description de Roessler est tout à fait exacte. Il y a dans la tourelle gauche un escalier qui descend à la crypte (où sera enterré l’abbé Duval Pirou quelques années plus tard)
2- La promenade du jeudi 29 août 1861 les conduit à Bléville
« Je m’achetai moyennant 3 F 50 un ouvrage intitulé Guide du Touriste au Havre et aux environs par J. Morlent pour servir de complément à “ l’Histoire de ma vie ” ».
Je dessinai une partie du panorama qui se déroulait devant nos yeux, savoir le Pain de Sucre, la Chapelle de Notre-Dame des Flots, l’observatoire, les signaux de la Hève… cachés derrière les arbres et les phares. »